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jeudi 7 avril 2016

Test de l’iPad Pro 9,7 pouces 2016

D’année en année et de test en test, c’est toujours la même histoire qui revient sur le tapis : si l’iPad est à la pointe des technologies matérielles du moment, c’est le logiciel — iOS pour ne pas le nommer — qui pèche. Et ce nouvel iPad Pro ne fait pas exception à la règle. Mais en plus, il doit cette fois justifier de ses qualités de "pro".

L’iPad est une machine formidable, potentiellement capable de toutes les prouesses, y compris de remplacer un ordinateur traditionnel. Mais cela n’a jamais été le cas pour la majorité des utilisateurs de la tablette, et malgré ses atours, l’iPad Pro de 9,7 pouces n’est toujours pas l’appareil qui fera basculer définitivement dans l’ère post-PC. Il ne manque pourtant pas grand chose. Un peu de Pro, peut-être ?

Tour du propriétaire

Le nouvel iPad Pro, c’est un iPad Air 2 dans lequel on aurait inséré la plupart des composants du modèle de 12,9 pouces lancé l’an dernier. Au premier coup d’œil, il est d’ailleurs bien difficile de faire la différence entre les deux tablettes. Les points communs sont nombreux : dimensions identiques (jusqu’à l’épaisseur, 6,1 mm pour chaque), même poids (437 grammes pour le Wi-Fi, 444 grammes pour le Wi-Fi + cellular), design similaire…
Mais au jeu des 7 erreurs, il y a tout de même des différences. La première d’entre elles est l’appareil photo qui déborde, un héritage de l’iPhone 6 qui n’était déjà pas d’un très bon goût sur le smartphone et qui ne l’est toujours pas sur la tablette. Qu'on se rassure cependant, cela ne pose pas de problème quand l'iPad est posé sur le bureau : la protubérance ne gêne pas, la tablette n'est pas bancale. Et c’est un mal pour un bien : la qualité des images prises avec l’iPad Pro est bien supérieure aux prises de vue réalisées avec tous les autres modèles de tablettes. La présence d’un flash True Tone — une première pour l’iPad — confirme la tendance de fond : oui, on peut prendre des photos avec les tablettes, et Apple veut donner à ces photographes sur grand écran le meilleur matériel possible.
Le coloris rose est un autre moyen de différencier l’iPad Pro de l’iPad Air 2, et pour cause : cette teinte n’existait pas sur cette précédente tablette. L’or rose n'est pas forcément la tasse de thé de tout le monde, c’est entendu ; suivant ses goûts personnels, le résultat sur l’iPad Pro sera jugé réussi ou too much, mais en tout cas cela ne laisse pas indifférent. On saluera aussi, sur les modèles Wi-Fi + cellular, le nouveau dessin de l’antenne au dos, bien plus discret que la grosse bande noire ou blanche habituelle. Cette antenne n’est pas sans rappeler, évidemment, ce qu’on trouve à l’arrière des iPhone depuis la version 6.
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Autre signe distinctif de l’iPad Pro : la présence de deux grilles supplémentaires sur la tranche supérieure pour les haut-parleurs, ainsi que le port Smart Connector sur la tranche de gauche. Enfin, notons la graisse de la gravure du mot « iPad » au dos, plus fine sur le Pro que sur l’Air 2. Sans équivoque possible, l’iPad Pro est un très proche cousin de l’iPad Air 2, du moins pour ce qui concerne le design.

Un écran dynamique

Si l'écran de l'iPad Pro conserve les mêmes caractéristiques que celui de l'iPad Air 2 (9,7 pouces, 2 048 x 1 536 pixels, densité de 264 ppp), Apple a apporté quelques nouveautés significatives. La première d'entre elles, c'est le support de l’Apple Pencil, qui devient le compagnon de toute la gamme de tablettes Pro d'Apple. L'autre changement significatif, c'est l'adaptation de la couleur et de l'intensité de la dalle à l'éclairage ambiant.
Cette fonction True Tone — qui fait carrément l’objet d’un nouveau panneau de première configuration de la tablette — exploite deux capteurs de luminosité à quatre canaux qui sont placés en façade. L’idée est de modifier de manière dynamique les couleurs suivant l’éclairage de la pièce dans laquelle on se trouve. L’effet est subtil et on ne s’en rend vraiment compte qu'en désactivant la fonction (étrangement, l’option n’est pas disponible dans le Centre de contrôle alors qu’elle y aurait eu sa place au côté du bouton Night Shift).
L'iPad Pro est à gauche avec True Tone actif, l'iPad Air 2 à droite — 
Dans les réglages Luminosité et affichage, désactiver la fonction True Tone permet en effet de constater à quel point la colorimétrie de l’écran de l’iPad tire sur le bleu. Ici, la différence est sensible. Apple a imaginé True Tone comme l’équivalent numérique de l’ajustement naturel d’une feuille de papier aux couleurs de l’environnement. Effectivement, on n’en est pas loin.
Difficile de dire si True Tone apporte véritablement quelque chose de probant sur le plan "médical", mais Apple ne s’en prévaut pas. En revanche, la lecture de longs documents est effectivement plus agréable car moins fatiguante pour les yeux. Le bémol de tout cela, c’est qu’on a toujours l’impression que la dalle de l’iPad Pro tire sur le jaune, pour peu qu’on soit entouré de lumière jaune, ce qui est souvent le cas.
Les photographes et graphistes voudront également désactiver l’éclairage True Tone lors de l’édition d’images, histoire d’éviter les mauvaises surprises. Ces derniers seront d’ailleurs à la fête, puisque Apple leur offre un écran P3, qui est le quotidien des utilisateurs d’iMac 4K et 5K depuis l’année dernière (lire : Test de l'iMac 21,5" Retina 4K (fin 2015)).
Le constructeur vante « la même palette de couleurs que l’industrie du cinéma numérique » et un gamut élargi offrant un niveau de saturation 25% plus élevé à celui des précédents modèles d’iPad. La couverture DCI-P3 assure une couverture à 93,6% de l'Adobe RGB, qui recouvre lui-même 52,1% du CIE 1931 (l’espace colorimétrique de référence dans l’industrie des écrans). Pour donner un ordre d’idée, le Rec. 2020 pour la 4K et la 8K, que l’industrie de la télévision et du cinéma a mis au point pour ses propres besoins, couvre 75,8% du CIE 1931.
Dans le triangle, la surface recouverte par l’Adobe RGB dans l’espace colorimétrique CIE 1931.
Le DCI-P3 sert habituellement aux projecteurs de cinéma. Autant dire que nous sommes ici en présence d’un très bel écran, dont les nuances vont malheureusement échapper aux béotiens : il est en effet bien difficile de mesurer les qualités de restitution des couleurs de cet écran, à moins d’avoir sous la main un iPad de génération précédente. Mais même dans ce cas, la différence ne saute pas à nos yeux profanes, même si on croit déceler des teintes plus chaudes sur l’iPad Pro.
Apple promet aussi un écran 40% moins réfléchissant que l’iPad Air 2, tout en poussant une luminosité 25% supérieure. En plein soleil, la lecture est plus facile sur l’iPad Pro, même si ça n’est pas encore l’idéal. On s’en approche, ce qui n’est déjà pas si mal.